mercredi 7 mars 2012

Nos plus belles vacances

Réalisé par Philippe Lellouche – Avec Philippe Lellouche, Julie Gayet, Gérard Darmon, Christian Vadim, Bruno Lochet, Julie Bernard, Nicole Calfan, Jackie Berroyer, Vanessa Demouy – 1h34- France

Quelques mois après le Skylab, le récit nostalgique de vacances des années Giscardienne semble devoir devenir un genre.
Les Parisiens partant à la campagne en famille, les joies du contraste, le plaisir des engueulades en famille suivi d’émouvantes réconciliations autour d’un verre de bon vin du coin et d’un plateau de fromage, car, merde, la France, c’est quand même le pays des Mille fromages.
Pendant ce temps là, les enfants apprennent à se toucher, les merveilles d’une sexualité naissantes, les premières amoureuses, ah la la la mon petit monsieur, du temps de Guy Lux on savait s’amuser.

Ce genre de film est censé remué quelque chose d’enfouie dans le cœur d’ancien enfant vacancier.
Chez moi, ça évoque surtout des semaines dans un village assommé par le soleil, un ennui mortel qui me faisait dessiner autant de petits bâtons que de jours heureux à passer, quelques problèmes digestifs liés à l’un des mille fromages et coté « petites amoureuses », si on ne tient pas compte du fou du village exhibitionniste, c’était relativement moyen.
Certes, c’était la France Mitterrandienne, mais les gens n’étaient pas nettement mieux habillés et Guy Lux était encore là…
« Nos plus belles vacances » proposent une originalité qui, à priori pouvait sauver l’entreprise.
La confrontation entre la famille du narrateur : des juifs séfarades venus d’Algérie et les habitants du village breton composés de paysans.
Sauf que très vite, complètement aveuglé par l’hommage que le réalisateur entend rendre à son père, ça devient Tintin au Congo.
Ainsi, pendant 1h30, on voit des caricatures de paysans, tout droit sorti du sketch des inconnus sur les bons et les mauvais chasseurs, le second degré en moins, apprendre à gérer leur vie et leur entreprise grâce à des parisiens séfarades.
Sur la fin du monde paysan, on ne s'attendait pas vraiment à du Depardon mais de là à voir Paris coloniser la Bretagne...
La sincérité du réalisateur et le talent des comédiens sauvent heureusement en partie le film du désastre.
On se réjouit déjà toujours de voir Julie Gayet au cinéma, une fois de plus elle fait exister un personnage d’un rôle assez banal, celui d’une femme trompée.
Surtout, le film est aussi le récit d’une amitié, là aussi peu d’originalité, mais les acteurs ont suffisamment d’épaisseur pour que l’on sente la véritable complicité entre ces trois AMIS ayant atterris en terre Bretonne.
Christian Vadim étonne en interprétant Jacky : le « con » de la bande, que tout le monde aime mais dont tout le monde se moque. En gardant cette dégaine improbable il laisse percevoir une fêlure, son passé comme soldat en Algérie. Lellouche a l’intelligence de ne rien dire de ce passé : un enfant lui pose une question, le sourire disparaît pour la première fois du film et Jacky plonge dans la mer, la séquence s’arrête là.
Alors nous sentons enfin que derrière ces archétypes il y a des personnages, Lellouche qui nous saoulait de scènes illustratives, d’une voix off lénifiante, se permet enfin de ne rien dire, de ne pas commenter le passé et ses zones d’ombres.
La complicité de trois amis, leur histoire commune le réalisateur tenait là le vrai sujet de son premier film. Philippe Lelouch, acteur, jouant son père, est bien plus intéressant que Philippe Lelouch, réalisateur, maladroit et naïf.
La sincérité ne suffit pas au cinéma.

Jérémy Sibony

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