mercredi 25 avril 2012

Avengers

Réalisé par Joss Whedon – Avec Robert Downey Jr , Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Chris Hemsworth, Jeremy Renner, Tom Hiddleston, Samuel Jackson, Chris Evans – Etats Unis – 2h22


Pour résumer le projet Avengers, il s’agissait de réaliser plusieurs navets mettant en scène séparément des super héros de BD pour pouvoir réaliser un super navet les réunissant.
La bonne surprise, c’est que les faiblesses des différents films précédents (Iron Man, Hulk, Thor, Captain America) ne s’additionnent pas, « Avengers » étant sûrement le meilleur du lot.
La mauvaise nouvelle, c’est que tout ça ne fait pas un bon film.

« Avengers » ne réussit jamais à résoudre l’équation posée par les autres films : ne pas trop se prendre au sérieux pour éviter le ridicule tout en ne jouant pas trop la carte du second degré pour éviter la parodie.
Le projet reste dans cet entre-deux, boitant bas et se reposant au final sur des scènes spectaculaires et des effets spéciaux réussis.
Le scénario ne poursuit qu’une seule idée : donner à chacun de ses héros un moment de gloire et ne sacrifier personne.
C’est la bonne idée de la BD : les super héros qui cohabitent n’évoluent pas tous dans la même division (un dieu viking immortel côtoie un mec bon au tir à l’arc) mais évidemment chacun aura son importance, parce que l’esprit de groupe, c’est encore ce qui se fait de mieux pour sauver le monde mon petit monsieur.
Si l’équipe de France pouvait comprendre le si puissant et subtil message des Avengers avant de disputer l’euro…

Chaque héros a le droit à son moment de gloire, les temps de paroles étant bien respectés. Tout est parfaitement réglé, pas une minute qui n’est ait été longuement marketé : quel héros, pour quelle tranche d’âge ? Comment peut on faire croire qu’un mec dont le super pouvoir est un bouclier tienne deux secondes face à un dieu viking : pas de problèmes, c’est pensé, étudié, on sent que l’idée première est avant tout que chaque héros vendent à peu près le même nombre de produits dérivés.
Ils ont même été jusqu’à chercher quelques ficelles pour éviter le navet : une petite dose de second degré, pas trop, mais suffisamment pour que personne ne quitte la salle en courant.

Scarlett Johansson en tueuse professionnelle : vamp en tenue de cuir moulant, Hulk en bermuda moulant, le charisme de Robert Downey Jr et l’idéalisme suranné du capitaine América : quelques bonnes idées, mal exploitées par un réalisateur pour qui un dialogue est uniquement destiné à faire le lien entre deux séquences d’explosions en séries, d’invasion d’extra terrestres, bref de déluges d’effets spéciaux, qui, s’ils n’ont rien de révolutionnaires sont bien foutues justifient toute l’entreprise pour les moins exigeants.

On peut trouver formidable que plus il y a d’argent sur la table, moins on est exigeant avec le résultat final…

On est surtout vite saoulé, notamment par un combat final trop long et sans surprise. Quelques incohérences trahissant une des bonnes idées de départ: le « vengeur » le plus puissant est également le plus incontrôlable : Hulk héros malgré lui, totalement inconscient qu’il sauve le monde. Le personnage le plus intéressant devient un héros animé des meilleurs intentions, fade.
Evidemment, je pinaille, mais je ne fais que reprendre ce que racontait le geek fan de super héros devant moi et il n’a pas manqué de le souligner à sa copine à la sortie du film (qui avait l’air de s’en foutre à peu près autant que le réalisateur).

Sans véritable histoire, « Avengers » ressemble à un devoir de vacances pas trop difficile et un peu bâclé. C’est techniquement au point, mais le film sera vite oublié, même si un numéro 2 viendra forcément. Il respectera tout autant le cahier des charges et sera tout aussi creux…

Et là vous vous posez la question que tout le monde se pose : comment le type qui s’intéressait à la psychologie d’un gros monstre vert a-t-il pu avoir une copine ?
Je n’en sais rien, mais s’il a continué trop longtemps a faire le décompte à sa copine de toutes les incohérences d’un film sur des super héros, la question ne se pose probablement plus à l’heure qu’il est…


Jeremy Sibony

mercredi 11 avril 2012

Radiostars

Réalisé par Romain Levy avec Clovis Cornillac, Manu Payet, Douglas Attal, Pascal Demolon, Benjamin Lavernhe, Zita Hanrot, Côme Levin, Sam Karmann – France- 1h40

Présenté comme la nouvelle comédie française, déjantée et irrévérencieuse « Radiostars » surprend par sa platitude et son sentimentalisme.
Le modèle serait les comédies américaines de Ben Stiller ou Will Ferrel, hormis le quart d’heure de bon sentiment qui adoucit leur humour potache et leur mauvais esprit, on ne retrouve rien de ce qui fait le succès des sales gosses d’Hollywood.
Il est même étonnant que de l’univers de la radio et de la lutte pour s’attirer le fructueux marché des jeunes les scénaristes n’aient retenu que des histoires de coucheries sur fond d’amitiés masculines.
Bon, j’avoue, déjà, je ne suis pas fan des animateurs de radio pour jeunes qui gueulent des vannes pas drôles en riant de leur propre blague.
Le côté « je fais claquer le sous tif de la présentatrice météo », à 7 heures du matin, je n'y arrive pas.
A 15h30 non plus d’ailleurs ?
Mais à 7h00 définitivement pas.
Le problème c’est que Radiostars n’est pas un film « sur des animateurs de radio pour jeunes », mais un film d’animateurs de radio pour jeunes.
Le film, incolore, indolore fait l’impasse sur tout ce que pourrait être intéressant ou corrosif sur un sujet pareil.
Le jeunisme instrumentalisé par des quadragénaires cyniques, la cible commerciale qu’est l’ado aux yeux des publicitaires, la vacuité d’émissions où l’on crie plus qu’on ne parle, l’humour potache, la recherche de la futilité dans un monde si dur….
Rien, même pas une ligne de coke pour tenir le rythme et la pression, même pas un joint… Rien, radiostar reste tout à fait inoffensif et le plus consensuel possible.
Et ça vous étonnera peut-être, mais ce qui est déjà insupportable à la radio ne l’est pas moins au cinéma.
Autre souci : le jeune héros du film, interprété par un Douglas Attal visiblement sous Prozac est censé être un humoriste.
Il aurait peut-être fallu que l’humoriste soit drôle pour que cela fonctionne.
D’une façon plus générale, le côté : « 100% vannes et tchatche » ne peut pas fonctionner avec des blagues pas drôles et des vannes tournant autour du « ouais ben toi-même » et « t’as vu tes chaussures ».
Bref, Radiostars ressemble à une émission de radio lourdingue, le film souffrant d’une mise en scène plate, sans idées ni véritable point de vue (eh non, accumuler plans de bus avec de la musique rock en fond, ce n’est pas une mise en scène).

Le talent de Manu Payet donne au film son seul intérêt. De petites apparitions en seconds rôles, Manu Payet fait son chemin. D’abord cantonné dans des comédies pas drôles, il est évident que le cinéma français lui fera vite une place plus en rapport avec un potentiel que l’on devine important.
Quant à Clovis Cornillac, il fait le chemin inverse : un excellent comédien qui semble décidé à jouer dans des films de plus en plus anodins.
Syndrome Nicolas Anelka (période pré -Chelsea, ça laisse de l’espoir pour Clovis).


Jeremy Sibony

Twixt

Réalisé par Francis Ford Coppola – Avec Val Kilmer, Bruce Dern, Elle Fanning, Ben Chaplin, Joanne Whalley, Alden Ehrenreich – Etats Unis – 1h29

A quand remonte le dernier grand film de Coppola ?
« Dracula » son conte baroque ? « Tucker » ce beau film sur le rêve américain injustement méprisé par le public et la critique ? Plus loin encore si l’on se souvient de ce que "grand film de Coppola" signifiait dans les années 70 (Le Parrain, Conversation Secrète ou Apocalypse Now.)
Twixt, son dernier drôle de film, n’est pas un grand Coppola. On n’est même pas sûr que cela soit un bon Coppola. Pire, si « Tetro » pouvait laisser entrevoir un futur retour au premier plan du réalisateur du Parrain, « Twixt » semble plutôt marquer un retour en arrière.
Mais bizarrement, on n’a pas envie de jeter le bébé avec l’eau rouge sang du bain. Il y a dans ce film assez d’éléments excitant la curiosité du cinéphile moyen pour que l’on se dise qu’une série Z de Coppola, c’est un peu plus qu’une série Z.
C’est à la limite de l’injustice et du traitement de faveur, mais de même que l’on cherchait rétrospectivement dans Dementia 13 (1963) les signes annonçant les chefs d’œuvres à venir, on regarde dans Twixt ce qui rappelle le Coppola d’avant.
Evidemment, le souci c’est que l’on retrouve surtout ses premiers films, produits par Roger Corman.
Twixt est une production à petit budget, entre thriller et gore et qui flirte délicieusement avec le cliché. Le début intrigue : un auteur raté essayant de fourguer lui-même ses romans horrifiques dans de sinistres petites villes américaines.
Le vieux shérif du coin est le seul à s’y intéresser, lui proposant de co-écrire un roman à partir d’un crime sanglant ayant eu lieu dans la ville.
C’est quand l’auteur (Val Kilmer, visiblement élevé au KFC), rêve d’Edgar Allan Poe que cela se complique et que le film vire au kitsch. Jeune fille assassinée pour sorcellerie, assassin rédempteur, bikers zombies et souvenir d’une enfant morte…
Tout cela se retrouvant dans le désordre le plus total dans les rêves du héros.
La mise en scène se veut à la hauteur du salmigondis gore qui sert de scénario : les rêves sont filmés dans un noir et blanc de clip des années 80, dans lequel coule généreusement un sang rouge ketchup.
Ce grand n’importe quoi orchestré par un réalisateur génial donne un résultat étrange, entre le giallo italien, le gore italien et les séquences rappelant le Coppola de Rusty James…
Convoquer Edgar Allan Poe, c’est peut-être aussi convoquer Roger Corman, grand admirateur de Poe et surtout adaptateur de ses nouvelles au cinéma.
Comme si également, il cherchait son avenir de cinéaste dans son passé. Invoquant le maître de la littérature fantastique (Coppola a une assez bonne opinion de lui pour voir en Poe un alter ego), il retrouve aussi celui qui a lancé sa carrière, à partir de production fauchée où il a appris son métier comme il semble maintenant apprendre à maîtriser les nouvelles technologies numériques, jusqu’à en abuser.
L’objet est informe, à la limite, parfois franchie, du ridicule et pourtant fascinant.
C’est au cœur de ce « machin » pas désagréable tellement tout y est outré que se niche une séquence surprenante, une scène qui semble justifier l’entreprise à elle seule. Même dérangeante pour qui connaît l’histoire personnelle du cinéaste.
La fille du héros meurt d’un accident de ski nautique…Exactement comme mourut le fils de Coppola.
L’irruption de ce drame dans un film réalisé avec ce que l’on pourrait prendre pour du j’m’en foutisme interpelle forcément.
Ce retour aux sources des années Corman auquel se mêle la tragédie personnelle de Coppola ne rend pas le film meilleur, mais il conforte le spectateur dans l’idée que oui, derrière l’extrême stylisation de l’image qui contraste avec le scénario de série Z, il y a quelque chose de bouleversant et que le réalisateur d’Apocalypse now nous prépare quelque chose.
Savoir quoi est un autre problème.

Alors oui, Twixt pose un problème : ce qui serait ridicule chez d’autres, serait kitsch ici. Réaliser un film de genre fauché serait donc un "retour aux sources" chez Coppola. Ce qui navre chez les uns amuse quand c’est un maître derrière la caméra.
Certes, mais le film fascine et amuse et surtout le maître en question y a mit une séquence, LA séquence, qu’il semblait éviter depuis 30 ans.
Tout cela n’est pas très objectif ?
Celui qui pense que la critique est objective n’a rien compris au cinéma.

Jeremy Sibony

I Wish - Nos voeux secrets-

Réalisé par Hirozaku Kore Eda - Avec Koki Maeda, Ohshirô Maeda, Ryôga Hayashi,, Jô Odagari, Yui Natsukawa,Kyara Uchida - Japon - 2h08


Hirozaku Kore-Eda racontait dans « Nobody Knows » l’histoire d’enfants livrés à eux-mêmes par une mère irresponsable.
9 ans après, « I Wish » pourrait être vu comme une version édulcorée de ce film. C’est à la fois tout son intérêt, c’est aussi un peu la limite de ce film mineur dans l’œuvre du réalisateur mais attachant.
Ce plaçant une nouvelle fois à hauteur d’enfant, le cinéaste japonais montre des adultes moins irresponsables mais assez immatures. On suit donc des groupes d’enfants vivant presque indépendamment de leur parent, deux frères séparés par le divorce de leurs parents décident de se retrouver à mi-chemin de leurs deux villes pour assister au croisement de deux TGV, ce qui comme chacun sait permet de voir un de ses vœux se réaliser.
Ce que raconte Kore-Eda, ce sont les derniers moments d’innocence de gamins qui vont devenir des adultes. Filles et garçons se mélangent encore sans arrière pensées, le monde n’est pas encore jugé trop menaçant pour renoncer à l’équipée, le monde est encore assez simple pour que deux frères arrivent à faire ce que leurs parents sont incapables de mettre au point : se retrouver quelques instants.
Le réalisateur filme ces enfants dans un cadre large, où rien ne semble les menacer. Une ville de campagne presque déserte, les alentours d’un centre commercial fermé, ce sont les enfants qui donnent le mouvement du film : les plans sont fixent, Kore-Eda sait que l’énergie viendra du mouvement de ses petits acteurs qui marchent, courent, parlent, s’agitent là où les adultes sont absents ou enfermés.
Pas de niaiseries, pas de chantage émotionnel : l’enfance est filmée à travers une petite épopée, comme toujours, le cinéaste recherche la simplicité.
Parfois, la légèreté du propos et de la mise en scène lui joue des tours : le film patine lors de la préparation de l’équipée. Quelques scènes se répètent, les parents semblent si peu l’intéresser que le film perd un peu de sa fluidité dès qu’il s’attarde sur eux.
Quelques dialogues un peu trop explicatifs nuisent au propos (entre le couple de personnes âgées hébergeant les écoliers, entre la mère et la grand-mère), mais « I Wish » retrouve son rythme dès qu’il montre ce groupe de gamins vivant sans le savoir leur première expérience d’adulte.
Car aussi lumineux que soit le film, Kore-Eda nous emmène exactement là où il le voulait, l’air de rien, un parfum de nostalgie glisse vers la mélancolie.
Les derniers plans larges filmant les enfants se séparant à la fin de leur périple, une gare presque vide, le jeune héros retournant chez lui, seul, se retrouvant exactement au point de départ : l’expérience en plus.
Le monde s’ouvre à lui, en regardant les adultes du film on se doute qu’il ne sera plus très amusant.

Jeremy Sibony

mercredi 4 avril 2012

My week with Marylin

Réalisé par Simon Curtis – Avec Michelle Williams, Eddie Reydmane, Kenneth Branagh, Julia Ormond, Judi Dench, Emma Watson, Dominic Cooper, Dougray Scott – 1h42 – Grande Bretagne

En 1957, Marylin Monroe tournait en Angleterre « Le Prince et la danseuse » sous la direction de Laurence Olivier… Le film n’a pas laissé un grand souvenir. « My Week with Marylin » qui raconte le tournage de ce film, ne devrait pas d’avantage entrer dans l’histoire.

Marylin, sa beauté, ses caprices, sa fragilité… Le film de Simon Curtis respecte le cahier des charges de la légende.
C’est même le problème du film : jamais le réalisateur ne remet en cause la légende officielle et ce qui pourrait être un cliché du cinéma : Marylin n’était pas une actrice mais un personnage qui se contentait de traverser l’écran, touchée par la grâce.

Il suffit de voir (ou revoir) « Les désaxés » pour se convaincre de son talent de comédienne. Qu’il ait été mal exploité est un autre problème.

Heureusement, le film bénéficie du talent de Michelle Williams, excellente actrice qui parvient à nous faire croire qu’elle est Marylin, ce qui n’est pas une mince affaire (demandez à Madonna : 30 ans à vouloir être Marylin mais toujours strip teaseuse.
L’actrice incarne avec talent l’ambiguïté de la légende : icône du cinéma doutant de son propre talent.
La Marylin de Michelle Williams fait penser à la Norman Jean de « Blonde » le roman de Joyce Carol Oates, mais il y avait dans la fausse biographie une histoire de l’Amérique qui s’écrivait.
La jeune Norman Jean devenait l’icône malheureuse d’un pays machiste, dominé par des hommes qui reportaient sur l’héroïne leur propre superficialité.
Rien de tout cela dans « My Week With Marylin », juste les coulisses d’un tournage impossible et la rencontre entre Sir Olivier, acteur Shakespearien et la belle Marylin, objet de désir à qui l’on ne demande pas de jouer.
Les scènes entre Laurence Olivier, interprétées par Kenneth Branagh, (avec un naturel qui n’étonnera personne pour ceux qui connaissent l’œuvre de Branagh, entièrement placée sous la tutelle de Sir Laurence Olivier) et Miss Monroe séduisent dans un premier temps : le génie qui se rêvait star, la star qui voulait être une actrice.
Mais ces séquences se répétant et la multitude de seconds rôles talentueux (Judi Dench, Emma Watson, aux personnages presque sacrifiés) ne masquent la vacuité du film.
La belle s’amourache du jeune troisième assistant, interprété sans conviction par Eddie Reydmane, lui confie ses angoisses et ses doutes et vit avec lui un amour platonique et éphémère : le film s’enfonce dans l’eau de rose et le cliché.

« My Week with Marylin » n’est jamais déplaisant, il est simplement victime de la malédiction de Marylin Monroe : aveuglé par l’éclat de la « plus belle femme du monde », le film la regarde avec fascination et superficialité.

Jérémy Sibony

Sur la piste du Marsupilami

Réalisé par Alain Chabat – Avec Alain Chabat, Jamel Debbouze, Lambert Wilson, Fred Testot, Gerladine Nakache, Patrick Timsit, Aïssa Maïga, Jacques Weber, The Great Khali

Il n’y a rien de pire qu’une comédie pas drôle, si ce n’est une comédie pas drôle réalisée par un mec drôle.

J’aurais vraiment aimé pourvoir dire du bien du « Marsupilami », mais là, non, je n’y arrive pas…encore pire que pour Rrrrr, dont nous savions tous que ce n’était pas drôle, mais au moins nous pouvions accuser les « Robins des Bois » d’avoir perverti Alain.
Là, c’est plus difficile. On sait que le réalisateur de « Didier » essayait depuis longtemps d’adapter la bande dessinée de Franquin, créateur du Marsupilami.
Et là, en écrivant ces lignes je m’aperçois que je vais devoir mouiller Franquin et que j’ai vraiment l’impression de donner des amis à la Gestapo. (Paf !! Point Godwin Atteint !!)

Bon, on va faire comme pour s’arracher un bout de sparadrap : vite.
Une comédie où le premier sourire vous est arraché au bout d’une heure (et dieu sait que j’attendais la première mimique d’Alain Chabat), où il faut se coltiner l’éternel numéro de sous Darry Cowl de Jamel Debbouze.
Lui, par contre, c’est plus facile de dire qu’il n’est pas drôle. Depuis 15 ans, il n'est pas drôle le « comique préféré » des français, ce qui dans la patrie de Bigard et de Laurent Gerra est une performance toute relative.
Je dois être le seul à préférer Jamel dans un registre plus dramatique (Hors la loi, Indigènes notamment). D’une façon générale, il arrive très bien à ne pas me faire rire.
Entièrement parasité par l’omniprésence de Debbouze, le film réjouira d’avantage ses nombreux fans que les nostalgiques de l’humour absurde et Bédéphile d’Alain Chabat.
On regrette que l’ex nul ait décidé de se placer au second plan pour laisser d’autres comiques, nettement moins drôles que lui, faire leur show : Fred Testot, Patrick Timsit notamment.
Probablement tétanisé à l’idée se frotter à l’immense Franquin, Alain Chabat se contente du minimum, une succession de numéros de comiques nettement moins drôles que lui, le tout dans un film visiblement formaté « tout public » au point qu’il semble parfois destiné aux plus jeunes.
Le film n’est qu’un de ces « Buddy Movie » associant deux personnages que tout oppose mais qui au fil du film etc etc…
Le problème, c’est que les deux personnages restent fades, les gags convenus et qu’on attend vainement une occasion de rire franchement.
Comme obsédé par la réussite technique du Marsupilami, Alain Chabat oublie de réaliser une véritable comédie, de nous emporter dans la surenchère absurde, infantile et hilarante qui a fait le succès de cet émule du Saturday Night Live et des meilleures comédies américaines.

De ce triste ratage, on sauvera au moins Lambert Wilson, parfait en dictateur fan de Céline (comment ça quelle Céline ? Mais Céline voyons, pas l’écrivain, l’autre). Sa performance musicale est digne du Villeret dans Papy fait de la résistance. Seul Lambert Wilson semble s’insérer harmonieusement dans l’univers d’Alain Chabat, bousculant un film trop formaté et sans rythme.
Quelques mimiques Chabatesque, la voix off de Chantal Lauby et l’air ahuri du grand Alain, c’est bien trop peu.

Voilà, c’est fait, j’ai dit du mal d’un film d’Alain Chabat, je suis devenu un vieux ! J’ai honte, j’ai honte.
Mais c’est de sa faute à lui…
M’enfin.

Jeremy Sibony