mercredi 21 mars 2012

Hunger games

Réalisé par Gary Ross – Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Woody Harrelson, Lenny Kravitz, Stanley Tucci – 2h22- Etats Unis

La série des Harry Potter totalement adaptée et le dernier épisode de Twilight sortant cette année, Hollywood est à la recherche d’une nouvelle franchise susceptible d’attirer le public adolescent. C’est donc sur la trilogie de Suzanne Collins et sur son premier tome éponyme « Hunger Games » que Hollywood a jeté son dévolu, les studios ayant apparemment renoncé à écrire une histoire originale qui ne soit ni l’adaptation d’un best seller pour ado, ni une suite, ni un remake de l’adaptation d’un best seller pour ado, ni la suite d’un remake de l’adaptation d’un best seller pour ado…
Je ne sais pas comment ces gens se débrouillent au quotidien pour vivre avec si peu d’imagination. Je suppose que quand ils font leur liste de course, ils adaptent une vieille liste de commission trouvée chez un de leur voisin, ils en retirent tout ce qui est « hot » et c’est parti…
Je m’égare…

Donc pour mes lecteurs ayant plus de 16 ans, « Hunger Games »se situe dans une Amérique du futur et donc forcément sous gouvernement fasciste. Chaque année, la classe des riches se passionne pour une télé réalité où l’état désigne une vingtaine de jeunes parmi les populations pauvres, pour les jeter dans une forêt où ils se livreront une lutte à mort jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un.
Saluons l’incroyable originalité de l’histoire : un monde futuriste, une télé réalité en forme de combat de gladiateurs, une dictature : du pain, des jeux etc etc…
Citons « le prix du danger » ou son remake mal déguisé « Running Man » pour rappeler que l’histoire n’a rien de nouveau, si ce n’est que ce sont des jeunes (voire des enfants) que l’on envoie au casse pipe.
L’exposition de Hunger Games est donc interminable pour ceux qui ont vu ça mille fois. Stanley Tucci en présentateur excentrique singe Michel Piccoli dans le prix du danger, ça en devient gênant. Surtout qu’imiter un monstre comme Piccoli, c’est de toute façon voué à l’échec.
Donc, après avoir plagié « Le prix du danger », le roman (et donc le film) entreprend de plagier le roman de Koshun Takami : « Battle Royal » (et donc le film…)

Déjà qu’ils ne foutent rien, les scénaristes adaptent l’œuvre de quelqu’un qui ne fout pas grand chose non plus.
Ça devient un concept le travail à Hollywood…

C’est le gros problème du film : il est destiné à un public large, donc, le zigouillage sanglant d’adolescents et de jeunes enfants est filmé de la façon la moins suggestive possible.
Or l’impact du sujet repose sur l’horreur et la façon dont le public est censé se repaître de mort lente, douloureuse et sanguinolente de gamins, souvent donnée par d’autres gamins.
En rendant une copie tout public, Gary Ross botte en touche, le projet perd tout son intérêt.

Rappelons que Gary Ross est le réalisateur d’un des films les plus fades de ces dernières années : « la légende de Sea Biscuit » et que depuis ce navet, il gagne sa vie comme script doctor : c’est à dire qu’il sauve des scénarii en perdition. Traduisez : s’il reste quelque chose d’intéressant dans un scénario de grands studios, Gary Ross est payé pour le virer.

Certes sa réalisation est efficace et le film sera un gros succès qui devrait appeler l’adaptation des deux autres tomes aussi plats et fades que ce premier opus.
Seul véritable intérêt du film, la jeune Jennifer Lawrence, confirme le bien que l’on pense d’elle depuis Winter’s bones.
On espère que des scénaristes sauront lui écrire des rôles plus intéressants que ce genre d’adaptation de livres pour ados et également que les producteurs auront le courage de faire leur boulot.
Pour résumer : il va falloir se mettre un peu à bosser les enfants…

Jérémy Sibony

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