Réalisé par Gilles Lellouche, Jean Dujardin, Michel Hazanavicius, Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Alexandre Coures, Fred Lartigau – Avec : Gilles Lellouche, Jean Dujardin, Manu Payet, Guillaume Canet, Gerladine Nakache, Alexandra Lamy, Sandrine Kimberlain, Isabelle Nanty – 1h50- France
Jean Dujardin aura mis 12 ans à passer des poussifs « Nous Ç nous » à l’acteur unanimement reconnu de « The Artist ».
Entre son Oscar et la sortie des Infidèles, il lui aura fallu deux jours pour faire le chemin inverse.
Film à sketchs, ayant la louable intention de s’inspirer du chef d’œuvre du genre : « Les monstres » de Mario Monicelli, « Les Infidèles » est un plantage presque intégral. Les bonnes intentions du pourtant talentueux duo Dujardin/Lellouche ne suffisent pas.
La polémique, liée à la beaufissime campagne d’affichage ne résiste pas à la réalité de l’entreprise. « Les infidèles » n’est pas un film misogyne, au contraire, il se voudrait un portrait acide d’un panel de machos.
L’ennui, c’est que « ne pas être un film misogyne », c’est un minimum, pas une qualité.
On ne loue pas un film parce qu’il n’est pas raciste. Il n’y a pas de césars du film le moins pédophile de l’année.
Or les bonnes intentions sont à peu près la seule bonne chose à retenir du film.
Pour le reste, les sketchs se suivent, certains pires que d’autres. Le meilleur film est le segment signé Hazanavicius racontant les déboires d’un VRP recherchant une fille pour passer la nuit lors d’un sinistre séminaire dans un hôtel de bord d’autoroute. Dujardin est parfait en petit commercial pathétique, le sketch reste prévisible et l’humour gras. C’est pourtant ce qu’il y aura de mieux. Le reste du temps, le film choisit la facilité : situation prévisible, humour graveleux.
Contrairement aux comédies italiennes dont se réclament les auteurs, jamais ils n’arrivent à traiter un propos gras autrement que par un humour gras.
Emmanuelle Bercot, totalement hors sujet avec une crise du couple qui se voudrait cruelle comme du Bergman et est ennuyeux comme une telenovelas est le symbole d’un film qui se partage entre sketch censément comique et sketch dramatique : là où un Monicelli excellait à faire cohabiter les deux dans les mêmes films (comme le signifie Monica Vitti dans une pub pour le café Lavazza, qui vaut bien l’intégral André Bazin « comédia, tragédia », c’est pareil.
Scène d’une vulgarité absolue (aaaaaah les histoires de capotes, ça c’est toujours efficace pour égayer une soirée) et fin « surprise » que l’on sent venir à des kilomètres.
Plus embêtant, le rôle dévolu aux femmes dans un film qui voudrait brocarder le machisme.
Les femmes sont parfaitement secondaires, et quand elles apparaissent, c’est à travers les pires clichés : crise d’hystérie, coups d’un soir, lolita écervelée, manipulatrice, cougar entretenant un gigolo ou thérapeute psychorigide…
Tout le catalogue de siècles de clichés sur les femmes est là.
« Les Infidèles » ressemble à une soirée passée chez des gens sympas qui hurlent des blagues pas drôles sur les blondes et les culottes…
Il est dommage dans une comédie que le seul moment où l’on rit un peu soit le générique, Dujardin et Lellouche en Siegfried and Roy : pas de dialogue, juste un art consommé du déguisement et du sérieux qui nous réconcilie, sur la fin, avec les deux acteurs qui semblent s’être bien plus amusés sur le tournage que nous devant leur film.
Jérémy Sibony
mercredi 29 février 2012
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