mercredi 15 février 2012

La Désintégration

Réalisé par Philippe Faucon - Avec Rashid Debbouze, Yassine Azzouz, Mohamed Nachit,Zahra Addioui, Kamel Laadaili, Ymanol Perset - 1h18 - France

Cinéaste citoyen, c’est à dire donneur de leçon, Philippe Faucon continue, après « Samia » de se promener sur la fracture sociale : celle séparant les fils d’immigrés des cités des spectateurs bourgeois qui sont ses seuls spectateurs.

Comme souvent chez lui, pas grand chose à redire sur le fond, plutôt sur la forme.
« La désintégration » suit la lente descente aux enfers d’Ali (interprété sans conviction par Rashid Debbouze : frère de…), diplômé n’arrivant pas à trouver de stage en raison de son nom (quelle idée de donner un pareil rôle à un jeune acteur choisi vraisemblablement plus sur son nom que sur ses qualités) qui finira terroriste au nom de l’islam radical.
Le propos n’est pas neuf, il est hélas toujours d’actualité, on aurait aimé que Philippe Faucon se cantonne à raconter le parcours du combattant de ces jeunes qui ont refusé de n’être que des clichés et que la société refuse d’intégrer.

Hélas, Philippe Faucon est dans la démonstration la plus grossière. Le terrorisme ? La faute du racisme. Ali franchit à la vitesse grand V les étapes faisant de lui un intégriste : présenté au début du film comme un garçon intelligent, il devient d’une séquence à l’autre le pire des illuminés. Philippe Faucon faisant sans le vouloir le jeu des pires racistes en suivant les raccourcis faciles.

De la même manière qu’en laissant s’exprimer le point de vue intégriste sur le conflit Israélo palestinien, sans recul et de façon si maladroite, le réalisateur filme presque un tract anti israélien justifiant le désir de vengeance de quelques paumés.

Aucun personnage n’existe jamais, aucune situation n’est crédible : chaque séquence se veut lourdement significatives, chaque dialogue indique aux spectateurs ce qu’il doit penser et à quel moment. Aucune progression dans le récit, juste une succession de clichés comme autant de passages obligés.

Dans ce registre d’un cinéma didactique de propagande, on avait connu Philippe Faucon plus inspiré, notamment avec Samia…
Ici, le seul personnage vraiment intéressant : un « gaulois » converti, traverse le film comme une ombre.
Pour le reste : cliché sur l’embrigadement des jeunes, cliché sur la lutte entre l’islam religion de paix et l’islam des fanatiques, cliché entre le frère intégré et le frère désintégré : on a rarement vu un propos si intelligent sur le fond énoncé de façon si stupide.

Jérémy Sibony

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