mercredi 1 février 2012

La vérité si je mens 3

Réalisé par Thomas Gilou – Avec José Garcia, Gilbert Melki, Richard Anconina, Bruno Solo, Vincent Elbaz, Léa Drucker, Cyril Hanouna – 1h59- France

Sans avoir la délicatesse des désopilantes caricatures d’un Dieudonné ni la fraîcheur primesautière des écrits de Maurice Bardèche ou Robert Brasillach, les deux premiers opus de « La Vérité si je mens » restent plutôt au-dessus de la moyenne des comédies française.
Sans être non plus d’une folle originalité, les deux films doivent leur relative réussite à la bienveillante caricature du milieu juif séfarade qui se prête facilement à l’exercice, mais surtout à des comédiens qui ont su rendre leurs personnages sympathiques aux yeux du public.
Les séfarades s’y retrouvaient avec un minimum d’auto dérision, les autres découvraient un monde chaleureux et dépaysant au cœur de Paris, le talent d’un José Garcia ou d’un Gilbert Melki faisait passer quelques gags un peu faciles et un peu répétitifs.

Le troisième épisode est clairement le moins bon. Trop long, peu rythmé par des gags poussifs, la série est à bout de souffle.
Les scénaristes ont pourtant eu la bonne idée d’inscrire les nouvelles aventures de leurs héros dans notre époque, c’est à dire une époque de crise économique et de la passation de pouvoir aux Chinois.
On est d’ailleurs agréablement surpris de voir que les auteurs n’ont pas choisi la solution de facilité en faisant des Chinois les méchants de l’histoire. Il ne s’agit pas d’une guerre mais d’une passation de pouvoir, ce que les scénaristes illustrent en faisant s’exprimer un patron chinois dans un français visiblement appris au contact des séfarades, c’est sûrement le meilleur gag du film.
En dehors de ce léger sourire, on s’ennuie ferme, les acteurs jouent leur partition sans entrain, les gags s’enchaînent de plus en plus prévisibles, et l’intrigue servant de fil rouge est interminable.
Seul Gilbert Melki, en amoureux de sa contrôleuse fiscale réussit à se renouveler encore. Il est évident que, à part Lucas Belvaux dans « après l’amour », personne n’a encore pris la mesure de ce talent.
Le deuxième épisode, de loin le meilleur, faisait de l’intrigue un simple prétexte à un one man show réussi de José Garcia, la prise du pouvoir assumé d’un second rôle.
Cette fois ci, l’acteur paraît avoir perdu cette énergie, jusqu’à finir par lasser le spectateur. Bruno Solo et surtout Vincent Elbaz semblent se demander ce qu’ils font là, et donner autant d’importance à Enrico Macias. C’est oublier que l’intérêt de son personnage tenait plus du clin d’œil que du talent de l’acteur.
Quant à l’arrivée de Cyril Hanouna dans le casting, elle est si artificielle qu’elle devient le symbole d’auteurs n’arrivant pas à se renouveler.

Sans être franchement catastrophiques, ces retrouvailles s’avèrent très décevantes, alors même qu’il ne s’agissait déjà pas de l’affaire du siècle. On peut penser qu’il est temps de fermer la boutique…

Jeremy Sibony

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