mercredi 23 janvier 2008

No Country for old Men

Réalisé par : Joel Coen Avec : Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin Etats-Unis, 2H02

Mama, take this badge off of meI can't use it anymore.It's gettin' dark, too dark for me to seeI feel like I'm knockin' on heaven's door(Bob Dylan)

La flic naïve de Fargo ne comprenait pas comment on pouvait tuer pour de l'argent.. Le vieux shérif de "No country for old men", comprend qu'il n'y a plus rien à comprendre, que son monde n'existe plus, qu'il a laissé place à la rage, à la folie meurtrière, et que les hommes ne tuent plus que pour l'argent, mais parce que c'est la mission que le diable ou n'importe qui avec de l'argent leur a assignée.

En adaptant le roman homonyme de Cormac MacCarthy, les frères Coen ont trouvé un vieil oncle dont la rencontre était une évidence : des routes, des morts, l'ironie cruelle qui conduit leurs héros à systématiquement choisir le mauvais chemin et courir à leur perte.
Du roman de Cormac MacCarthy, les frères Coen ont ainsi presque tout gardé tant les univers étaient proches, en y ajoutant leur sens de l'absurde, mais épurant leur mise en scène de presque tout mouvement de caméra : emprisonnant ainsi leurs personnages dans les paysages du Texas. La plaine enneigée de Fargo a laissé place au désert et à des villes perdues. Mais là où le Minnesota accouchait de petite frappe à la bêtise criminelle, le désert brûlant voit surgir le diable (ou une punition divine,ou plus surement, la preuve que dieu n'existe pas.... au choix) ; ce Chigurgh, incarnation de la violence qui régnera désormais sur cette terre.
Coupe de cheveux improbable, jean serré, sourire imbécile : le visage du diable selon les frères Coen et leur interprète Javier Bardem qui rentre, dans ce pantalon étriqué, dans la grande histoire des psychopathes du cinéma. Face à lui, Moss, héros malheureux qui entraîne avec lui coupables et innocents, également victimes du châtiment absurde.
Que peut y faire un vieil homme, ce shérif d'un autre temps à qui Tommy Lee Jones prête son visage marqué et le regard impuissant de celui qui ne peut plus que compter les morts ?
Semblant faire partie du paysage, faisant de chacune de ces rides une histoire, Tommy Lee Jones parfait en héros de western fatigué : Kirk Douglas, Henry Fonda : ce monde n'est pas pour vous. Le bien et le mal sont des notions dépassées, si tant est qu'elles ont jamais existé, mais le Texas était peut-être le dernier endroit où on voulait y croire : les gentils châtiaient les méchants, protégeaient la veuve... Les chevaux ont été remplacés par des 4X4, pratiques pour traverser la frontière, chargés de drogue. Ce pays n'est plus pour le vieil homme... Si tant est que ce pays ait jamais existé.Réalisant leur meilleur film depuis Fargo, les frères Coen, retrouvent dans le monde en décomposition de Cormac MacCarthy la grâce qui les avait quittés. Ils y trouvent aussi une noirceur qui frise le nihilisme : la dernière scène, ce rêve qu'on rendra à Cormac MacCarthy et Tommy Lee Jones, ouvre un abyme...
Notre monde.

Jérémy Sibony

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