mercredi 11 avril 2012

Radiostars

Réalisé par Romain Levy avec Clovis Cornillac, Manu Payet, Douglas Attal, Pascal Demolon, Benjamin Lavernhe, Zita Hanrot, Côme Levin, Sam Karmann – France- 1h40

Présenté comme la nouvelle comédie française, déjantée et irrévérencieuse « Radiostars » surprend par sa platitude et son sentimentalisme.
Le modèle serait les comédies américaines de Ben Stiller ou Will Ferrel, hormis le quart d’heure de bon sentiment qui adoucit leur humour potache et leur mauvais esprit, on ne retrouve rien de ce qui fait le succès des sales gosses d’Hollywood.
Il est même étonnant que de l’univers de la radio et de la lutte pour s’attirer le fructueux marché des jeunes les scénaristes n’aient retenu que des histoires de coucheries sur fond d’amitiés masculines.
Bon, j’avoue, déjà, je ne suis pas fan des animateurs de radio pour jeunes qui gueulent des vannes pas drôles en riant de leur propre blague.
Le côté « je fais claquer le sous tif de la présentatrice météo », à 7 heures du matin, je n'y arrive pas.
A 15h30 non plus d’ailleurs ?
Mais à 7h00 définitivement pas.
Le problème c’est que Radiostars n’est pas un film « sur des animateurs de radio pour jeunes », mais un film d’animateurs de radio pour jeunes.
Le film, incolore, indolore fait l’impasse sur tout ce que pourrait être intéressant ou corrosif sur un sujet pareil.
Le jeunisme instrumentalisé par des quadragénaires cyniques, la cible commerciale qu’est l’ado aux yeux des publicitaires, la vacuité d’émissions où l’on crie plus qu’on ne parle, l’humour potache, la recherche de la futilité dans un monde si dur….
Rien, même pas une ligne de coke pour tenir le rythme et la pression, même pas un joint… Rien, radiostar reste tout à fait inoffensif et le plus consensuel possible.
Et ça vous étonnera peut-être, mais ce qui est déjà insupportable à la radio ne l’est pas moins au cinéma.
Autre souci : le jeune héros du film, interprété par un Douglas Attal visiblement sous Prozac est censé être un humoriste.
Il aurait peut-être fallu que l’humoriste soit drôle pour que cela fonctionne.
D’une façon plus générale, le côté : « 100% vannes et tchatche » ne peut pas fonctionner avec des blagues pas drôles et des vannes tournant autour du « ouais ben toi-même » et « t’as vu tes chaussures ».
Bref, Radiostars ressemble à une émission de radio lourdingue, le film souffrant d’une mise en scène plate, sans idées ni véritable point de vue (eh non, accumuler plans de bus avec de la musique rock en fond, ce n’est pas une mise en scène).

Le talent de Manu Payet donne au film son seul intérêt. De petites apparitions en seconds rôles, Manu Payet fait son chemin. D’abord cantonné dans des comédies pas drôles, il est évident que le cinéma français lui fera vite une place plus en rapport avec un potentiel que l’on devine important.
Quant à Clovis Cornillac, il fait le chemin inverse : un excellent comédien qui semble décidé à jouer dans des films de plus en plus anodins.
Syndrome Nicolas Anelka (période pré -Chelsea, ça laisse de l’espoir pour Clovis).


Jeremy Sibony

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